ESPOIR ∙ MISHA SYDORENKO
un film de Jean Queyrat
Un court métrage sur l'œuvre de Misha Sydorenko. L'artiste dévoile les secrets de sa peinture. Le film met en vedette Madame Cardin, dont un portrait est créé devant le spectateur dans l'atelier du peintre. L'historien de l'art Robert Fohr analyse le travail de l'artiste.
Réalisation : Jean Queyrat - image, Geneviève Hasselmann - montage
Musique : Nestor Nyzhankivskyi "Trio avec piano", Musique fournie par le Ukrainian Live Classic Project and Lviv Organ Hall. Consultante musical - Oleksandra Mailliet 
 
 
La projection du court métrage de Jean Queyrat « Espoir ∙ Misha Sydorenko » était le 21 octobre à 18h au cinéma Les 7 Parnassiens 98 Bd du Montparnasse Paris XIV avec le vernissage de l'exposition personnelle qui se tenait du 22 octobre au 3 novembre 2022.
 

La commissaire d'exposition est l’écrivain Sylvana Lorenz, égérie de Pierre Cardin.

 

C’est à l’Ermitage de Martine Boulart, lors d’un de ces après-midi intemporels entre gens de bonne éducation où l’on écoute des musiciens et où l’on admire des artistes, que j’ai découvert les peintures de l’artiste ukrainien Misha Sydorenko.  Des peintures de paysages du dehors, le jardin, le bassin, le bosquet que l’on retrouvait sur les murs et même le portrait de la maîtresse de maison, nimbées d’imprécision ou de mystère? Quelque soit son nom, cela faisait leur charme... Il y avait là, à l'ombre de leur discrétion, tout ce que le spectateur désire, caresse ou rêve.
Franchement je suis restée en arrêt, Je me suis penchée et je suis tombée sous le charme de sa peinture élégante, sensible, délicate, pudique. Une peinture qui se met à l'écoute des jolies choses et même de l’âme, dans chaque paysage, portrait ou objet avec un regard introspectif. Je me suis mise à mon tour, à l'écoute de cette sensibilité qui jouait avec les touches et les aplats.
Ressentir son inspiration, maîtresse aimante, fuyante, trompeuse, qui souffle parfois de bonnes idées, parfois de mauvaises, mais qui est là et qu’il retient.
On a tous, je crois le rêve d'un artiste qui nous touche. On le cherche parfois longtemps. C'est un désir au fond de nous, on vit longtemps dans cette illusion, ça aide à vivre, ça mobilise.
J'avais la curiosité de cet artiste sans le connaître. Peut-on dire qu'on est curieux de quelqu'un sans le connaître?
Et puis parfois, on le rencontre.
C'est souvent ça qu'on reproche à un artiste. On lui reproche de décevoir des attentes dont on a soi même quelquefois même pas idée. Souvent trop enfouies, on s'imagine avec l'expérience, à tort, qu'on les a neutralisées, en fait non. Elles sont toujours vivaces mais réprimées et quelquefois, elles sont comblées et ça donne le vertige.
C'est si rare les vertiges! Mais alors, si rare. Mais rare. Même pas besoin d'en dire plus, pour dire vrai,
Je suis allée le rencontrer dans son atelier pour qu’il m'en dise plus sur ce qu’il peignait, comment il y arrivait, s’il travaillait régulièrement. Des tas de questions que je me posais sur lui, depuis.
Est-ce que parfois, la quête ne serait pas justement d'arriver à comprendre sans explications ? Regarder en silence. En l’autre. En soi.
Il s’est mis à me peindre comme si à force de me peindre, il allait se retrouver au milieu de nulle part. C'est là que la déraison a agi. Il s'est lancé plus loin, en prolongeant le coup de pinceau sur le mode inattendu. Inattendu à tel point, que je ne m’y attendais pas moi-même. C'est ce qui peut arriver de mieux quand on est peinte. C’est être surprise.
Alors c'est sûr, un artiste capable de ça, de nous surprendre, oh que oui il y en a. Mais pas tant que ça.

 
Sylvana Lorenz, Paris 2022